Le moringa, Marguerite Homb en a fait son cheval de bataille depuis plusieurs années. A la télévision ou durant des conférences, cette personnalité connue du grand public parle de développement économique, mais surtout… de cette plante riche en vertus médicinales et alimentaires !
Marguerite Homb a fait ses études en France, où elle s’est spécialisée en commerce international. Un détour par les Etats-Unis, et la voilà de retour au Congo pour entrer dans l’administration. On se souvient d’elle à la Chambre consulaire, où elle est restée plus de dix ans, toujours active, disponible, souriante. « Mon profil ? Depuis cette époque-là, je crois que c’est l’accompagnement des entreprises. Conseiller, informer, créer des modèles de gestion… »
Puis, dans les années 2000, c’est l’apparition du guichet unique. Elle ouvre le centre de formalité des entreprises dans un petit local. « Aujourd’hui, on peut enregistrer une société en quinze minutes en conformité avec le système Ohada », explique Marguerite Homb.
Au même moment, elle ouvre « L’Espace créateur », toujours au service des entrepreneurs, avec une bibliothèque et de la documentation. Et c’est dans cette documentation qu’elle découvre le Moringa.
Compenser la « malbouffe »
Dès 2004, Marguerite Homb se passionne pour cette plante équatoriale qui, à l’époque, est surtout connue en Afrique de l’Ouest. Le moringa est une véritable exception de la nature, par sa richesse en protéines, en vitamines, en sels minéraux. « Un arbre miracle, s’enthousiasme-t-elle. Dix fois plus de vitamine A que la carotte, sept fois plus de vitamine C que l’orange et vingt-cinq fois plus de fer que dans l’épinard. » Les nutritionnistes le disent : le moringa est un complément alimentaire magique, adapté pour les cas de carences, les malnutritions. Les enfants atteints de drépanocytose ont une meilleure croissance, une accalmie de leur maladie. Les mamans qui allaitent évitent la fatigue. C’est aussi une invitation à compenser la « malbouffe », trop courante au Congo, à rééquilibrer l’alimentation. Marguerite fait un voyage au Burkina Faso, ramène des semences.
Mode d’emploi
Il est si facile ! Les feuilles de moringa peuvent se prendre en infusion (sans les bouillir), tous les bienfaits sont là. Les feuilles se consomment également en salade, en complément de la tomate ou du concombre, par exemple. Elles s’ajoutent fraîches sur de nombreux plats, ajoutant un petit goût poivré. Séchées, réduites en poudre, leur usage est encore plus large sur de nombreux plats. Une habitude vite prise et bénéfique pour toute la famille.
Du côté des graines : elles donnent une huile d’une finesse exceptionnelle, équivalente à celle de l’olive vierge, sans cholestérol, bonne pour la cuisson et l’assaisonnement. Elle est d’ailleurs utilisée en cosmétologie (savons, produits de beauté…). Et tous les résidus, de feuillages, de pressage de l’huile, sont excellents pour l’alimentation du bétail.
Le moringa peut se cultiver de manière intensive pour ses feuilles, comme un légumineux – première récolte au bout d’un mois ! – et en culture forestière pour ses graines. Il permet par ailleurs de lutter contre la déforestation. Le moringa donne des gousses une fois par an, jusqu’à deux fois dans de bonnes conditions.
« Chaîne de valeurs »
Sur le moringa, Marguerite Homb est intarissable. Mais également sur son action : « Nous avons instauré un modèle économique. Notre approche maintenant est de créer une véritable “chaîne de valeurs”, depuis la production jusqu’à la distribution, en passant par la transformation, tout en créant des emplois. Des partenariats sont d’ailleurs possibles et envisagés. Nous sommes en passe de créer un groupement d’intérêt économique (GIE) qui permettra aux petits producteurs de rentrer dans un dispositif global avec de bonnes conditions. Il y a la perspective d’un appui du PADE (Banque mondiale), pour consolider notre “chaîne de valeurs”. »
Le ministère de la Recherche scientifique a mis en place un dispositif qui fait rentrer le moringa parmi les projets fédérateurs. Il s’intègre de manière idéale dans les objectifs de diversification des filières économiques. Le moringa arrive à point, et Marguerite Homb est son porte-parole, son avocate enthousiaste : « Mais l’essentiel, c’est l’apport alimentaire, aussi bien dans les filières humaines qu’animales, et je pense surtout aux personnes anémiées, convalescentes. Le moringa est une solution si pratique, si simple, si peu onéreuse. Pour une meilleure qualité de la vie ! » En 2018, un projet pilote sera mis en place pour le développement de cette plante au Congo.
Pour plus d’informations
Adresse : GIE Moringa Congo, centre d’incubation training, 138, rue Berlioz, Bacongo, Brazzaville. L’e-mail provisoire est [email protected].
Par Bernard Sallé