Malgré l’inflation des prix, les Congolaises mettent un point d’honneur à continuer à approvisionner leurs foyers avec les produits alimentaires de base. Une ingéniosité renouvelée au quotidien.
Nous sommes au marché Plateau, sur la grande avenue des Trois Martyrs. Christine, 33 ans, femme de ménage et mère de trois enfants, descend du bus et prend la direction du marché. Juste à l’entrée, elle marque un temps d’arrêt. Pensive, l’index sur la bouche, elle regarde les 3500FCFA nichés au creux de sa main. «C’est pour le repas d’aujourd’hui», assure-t-elle, après que son mari lui ai demandé de concocter un plat fait maison, pour changer des plats surgelés habituels. Commence alors le marathon des courses, «je dois bien faire le tour du marché pour comparer les prix, sinon je ne m’en sortirai pas», marmonne-t-elle.
Manger local est-il un luxe ?
Manger frais, c’est ce qui préoccupe une grande partie des Brazzavillois. Les prix des denrées alimentaires sur le marché ne facilitent pas la tâche : un morceau de poisson mâchoiron coûte 3500FCFA, la viande d’antilope rouge est à 5500FCFA. « Le kilo d’ailes de poulet est homologué à 1255FCFA, mais il est vendu entre 1700 et 1800 FCFA par les détaillants », confie le chef des approvisionnements au Ministère du Commerce Bakoussou Zoumbeti.
Au marché total, dans l’allée réservée aux vendeurs de légumes, la mercuriale annonce les prix : de 500 à 1000FCFA le tas. «Pour nourrir une famille de 4 à 6 personnes, il faut au minimum 4 tas», précise Christine. Les vendeuses de coco ne se plaignent pas de l’augmentation des prix, au contraire : «Je vends 15 à 20 paquets de coco par jour, ce qui me fait 12.500FCFA, soit 7500FCFA de bénéfice net quotidiennement», confie Chantale, vendeuse de coco au marché total. Ce légume est devenu l’aliment le plus prisé des Congolais alors que le secteur maraîcher n’en propose plus assez, d’où l’augmentation du prix. « Pour les aubergines, carottes, choux… il faut un minimum de 3000 à 5000FCFA, sans compter les condiments ». S’alarme une jeune femme au marché total.
Baisse des recettes des vendeuses de poisson fumé
La chute du prix du baril de pétrole est la cause de la conjoncture actuelle. Mise à part le consommateur, les vendeurs aussi souffrent de cette situation. Leurs recettes ont baissé. « Avant, je vendais sept à dix tas de mokalu (poisson fumé) par jour, tas évalué à 10000fcfa. Mais avec la période des fêtes, les ventes ont baissé. Depuis, je suis obligée de vendre le tas entre 2500 et 5000 fcfa. Il est rare de vendre plus de dix tas par jour», confie tristement Thérèse, vendeuse au marché total.
Malgré l’élévation de l’indice salarial à 275, le revenu du fonctionnaire moyen reste aléatoire face à l’augmentation des prix des denrées alimentaires.
Recours aux produits congelés
Depuis plus d’une décennie, huit (8) foyers sur dix (10) à Brazzaville consomment quotidiennement des aliments congelés importés, bien plus abordables que les produits frais. « La société Congolaise d’Alimentation des Congelés (SCAC) importe plus de 10.000 tonnes de produits congelés par mois », indique le chef comptable à la succursale de Brazzaville, Richard Poumabia.
Le Congo vise à promouvoir la production locale dans la perspective d’avoir moins recours à l’importation et de proposer des prix bien plus abordables sur le marché congolais.
Photos: Gaston Boussouamina ( BrazzaMag)